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un coup d'œil dans le rétroviseur ne peut pas faire de mal!
février 2000: le taux de change euro/dollar
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n° | 7 | du | 01/01/2000 |
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Que cache la parité euro-dollar?
«La valeur accordée à une devise est le reflet de la confiance témoignée au pays qui l'émet, explique François Lemoine. Celle-ci dépend, globalement de deux grands paramètres: d'une part l'état de santé de l'économie, et notamment son rythme de croissance, et d'autre part la confiance témoignée aux institutions économiques et politiques, et à leur fonctionnement». Force est de reconnaître que, suivant ces critères, l'euro n'avait pas, en 1999, de raison particulière de briller face au dollar.
Croissance américaine soutenue
«D'abord parce que, contrairement aux attentes, la croissance est restée, l'année dernière, plus forte aux USA qu'en Europe, précise François Lemoine. » Ce phénomène perdure en fait depuis des années. Ainsi, alors qu'en 1999, le taux de croissance de l'économie américaine évoluait entre +3,5 et +4%, sans générer d'inflation, le Vieux Continent affichait lui, un score de +2%, avec un taux de chômage toujours élevé.
Des institutions qui doivent faire leur preuve
Une autre explication de la confiance témoignée à l'économie américaine est la reconnaissance, par les opérateurs, de la capacité de la Federal Reserve Bank (la banque centrale américaine) à mener une politique efficace pour soutenir la croissance. «Dans le même temps, on assistait à la naissance de la Banque Centrale Européenne (BCE) dans un contexte mouvementé, ajoute François Lemoine. Il y eut d'abord les négociations autour de sa présidence, finalement confiée à M. Duisenberg -qui doit être remplacé par M. Trichet, sans que l'on sache véritablement quand. Et surtout, le gouvernement de la Banque est soumis à l'approbation de tous les pays. La BCE doit encore faire ses preuves.» Il ne faut pas l'oublier non plus, l'Europe a connu, en 1999, une guerre sur son sol: celle du Kosovo, qui n'a pas, loin de là, rassuré les investisseurs. La démission du ministre des finances allemands, le manque de cohésion lors des négociations de l'OMC, à Seattle, n'ont pas, non plus, arrangé les choses.
«De plus, les européens investissent actuellement beaucoup aux États-Unis, ce qui contribue à la sortie de devises, insiste François Lemoine. A court terme, la parité euro-dollar est d'ailleurs plutôt bonne pour la croissance européenne, les produits européens bénéficiant, avec la baisse du taux de change, de prix compétitifs. Les entreprises européennes gagnent des parts de marché de manière significatives, qu'elles ne perdront pas facilement. En fait, le véritable risque de cette dévaluation, c'est l'inflation».
On a en effet connu, l'année dernière, une hausse significative du prix des matières premières, et notamment du pétrole, qui est passé de $9 à $25 le baril, au moment même ou l'euro chutait face au billet vert. «Ce risque de dérapage inflationniste n'est cependant pas inquiétant pour le moment, conclut François Lemoine. Mais psychologiquement, il serait dérangeant que l'euro passe durablement sous le seuil de 1$».
À court terme, la tendance est donc en faveur des États-Unis. Mais l'Europe- et l'euro- ont des arguments à faire valoir.
Bruno Cargnelli
Rappelez-vous! C'était demain…
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Bruno Cargnelli (jeudi, 02 octobre 2008 02:31)
Un taux de change favorable aux américains, une hausse du baril à 25$, “la capacité de la Federal Reserve Bank à mener une politique efficace pour soutenir la croissance“ soulignée…
Huit ans après, la crise financière de septembre 2008 donne un relief particulier à ces commentaires. L'occasion de constater combien la conjoncture est sujette à de brusques changements et accélérations.