Interfrancemedia pour Le Monde-supplément éco - septembre 2004 dossier Ouzbekistan
Bruno Cargnelli
interfrancemedia
article n°1
De la route de la Soie aux partenariats internationaux

Plaque tournante du commerce de l'Asie Centrale depuis toujours, l'Ouzbékistan affiche ses ambitions et joue la carte de l'ouverture.

Indépendant depuis 1991, l’Ouzbékistan mise son développement sur une série d’atouts parfois méconnus. Premier d’entre eux : la localisation géographique. Au cœur de l’Asie Centrale, le pays est un point de passage obligé entre Est et Ouest, aux temps de la Route de la Soie comme de nos jours. « Les infrastructures de transport sont une de nos priorités depuis l’indépendance en 1991, explique le vice-ministre RUSTAM YUNUSOV, également président d’UZAVTOYUL, la structure en charge de ces programmes. Nous entretenons et améliorons l’existant, et créons de nouvelles voies de communication plus sûres et plus rapides, avec l’aide de financements internationaux. » C’est par exemple le cas de TRACECA, le projet de nouvelle route de la Soie, pour lequel la Banque de Développement Asiatique (ADB) a confirmé récemment son engagement financier.

À cet avantage géostratégique, il faut ajouter la richesse du sous-sol en ressources naturelles : l’Ouzbékistan bénéficie de réserves de pétrole et de gaz naturel, de gisements de métaux précieux et de matériaux de construction, d’une agriculture bien développée assurant l’autosuffisance, et d’une industrie dynamique, en pleine expansion. Les services (43% du PNB) sont également en essor grâce au tourisme et au secteur bancaire. Autres atouts majeurs : la vitalité des 26 millions d’Ouzbeks (tous scolarisés), leur hospitalité renommée, et la richesse de leur histoire. Pour M. Sadiq Safayev, ministre des Affaires étrangères, l’Ouzbékistan commence à tirer parti de ces atouts naturels, au cœur d’une des régions les plus dynamiques du globe. « En 2003, nous avons pu opérer une profonde réorganisation interne aux plans politique et économique, déclare-t-il. À l’échelle régionale, nous avons signé un accord triangulaire majeur avec les gouvernements Iranien et Afghan, afin d’initier la création d’un nouveau corridor trans-afghan, parallèlement au projet TRACECA. Tous ces éléments créent les conditions d’un développement sur le long terme.»
Aujourd’hui, l’Ouzbékistan continue bien sûr de faire valoir ses attraits touristiques : Samarcande, Boukhara ou Khiva, héritage préservé de sa riche histoire. Mais il souhaite aussi -et avant tout - convaincre les partenaires et investisseurs. L’ouverture économique est la clef de voûte de l’action gouvernementale. « Depuis 1991, nous avons mené graduellement une série de réformes visant à l’intégration de la République au sein de la Communauté Internationale, et à la mise en place d’une économie de marché, déclare M. MAMARIZO NURMURATOV, Ministre des Finances. Depuis 1998, l’intensification des réformes structurelles dans les secteurs de l’industrie, de l’agriculture, de la production d’énergie ; le développement des privatisations et la création d’entreprises privées ont permis d’assurer une croissance continue du pays. » Le dynamisme s’affiche dans tous les domaines : premier exportateur de véhicules vers la Russie, le pays compte parmi les premiers producteurs de coton au monde et s’efforce avec succès de développer l’industrie textile. L’exploitation des gisements de pétrole et gaz naturel assure l’indépendance énergétique.

Disposant des moyens de son développement, le pays est demandeur de partenariats et les conditions semblent réunies. La politique monétaire et fiscale stricte menée depuis 1998 a notamment impliqué la mise en œuvre d’une réforme de fond rationalisant calcul et collecte de l’impôt et des mesures énergiques de rationalisation des dépenses publiques. Le déficit du budget (2% du PIB depuis 1998) a ainsi été ramené à 0,4% en 2003. « Dans le même temps, la banque centrale a accompagné la structuration d’un secteur bancaire et financier jusqu’alors limité » précise M. MURMURATOV. Et une étape majeure a été franchie en octobre 2003 avec la convertibilité du Soum. » En 2004, la priorité va à la maîtrise du taux d’inflation, ramené de 21% à 3,8% entre 2002 et 2003. Objectif : le maintien une fourchette de 6 à 8%. Sur ces bases, selon l’Agence pour l’Activité Économique Étrangère (AFER), le volume du commerce extérieur a ainsi augmenté de 17% en 2003 par rapport à 2002, les exportations (+25%) croissant plus vite que les importations (+9,3%). D’ores et déjà nombre d’entreprises étrangères se sont implantées dans le pays, bénéficiant de fortes incitations fiscales. « L’Ouzbékistan est une terre d’opportunités, conclut M. Sadiq Safaiev. Comme du temps de Tamerlan, nous y accueillerons volontiers les représentants français. »